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LA RUE KÉTANOU | Vive La Divorcée (Clip officiel)

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Quand on écoute la Rue Kétanou, on écoute pas un groupe dans un studio mais un groupe qui nous chante une chanson. Un peu à la façon d’un Brassens, ils s’invitent chez vous lorsque vous appuyez sur lecture. Ils sont là, dans votre salon, dans votre cuisine ou à l’arrière de votre voiture. Ils vous chantent leurs mots au creux de l’oreille si vous cherchez le sommeil. On a mis entre l’auditeur et l’artiste des murs d’arrangements aseptisés, des studios à l’autre bout de la planète, des kilomètres de pistes, des hectares de réverb. Ici, les aspérités des chansons les rendent plus humaines. Et si c’était ça le secret ? De l’humanité, tout simplement ?

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La Rue Ketanou – Vive La Divorcée (Clip officiel)

Ils sont des centaines, des milliers aux concerts de La Rue Ketanou. Des centaines, des milliers, des fidèles, des avertis, des curieux, des convertis. Toujours disponibles pour les retrouvailles. Toujours prêts à marcher dans les refrains et les vers émancipés. Et tout est là, dans cette histoire que raconte ce groupe et le public, dans ce partage complice qui continue de jouer les prolongations depuis plus de deux décennies. Un groupe reconnu et respecté pour son esthétique et sa probité. Liberté de ton. Liberté d’inspiration. Liberté de temps aussi. Six ans de silence discographique depuis le dernier signal Allons voir. Mais on ne lâche jamais une cordée chez La Rue Ketanou, on s’y attache. Parfois, on la détend juste dans le but de satisfaire d’autres élans, d’ouvrir d’autres portes, d’expérimenter d’autres transmissions. Ils sont comme ça, ces garçons-là, fantasques, aventureux, à multiples détentes. On aura donc vu Florent Vintrignier monter la Green Box, projet mêlant les poèmes de Victor Hugo et la folk des grand espaces, et s’avérer un solide allié dans le bel envol de la chanteuse franco-suédoise Eskelina (Prix Moustaki 2016). L’hyperactif Mourad Musset aura, pour sa part, ajouté un chapitre supplémentaire à Mon Côté Punk, gagné les rangs des forces vives du Collectif 13, rayonné dans le sensible film de Fabienne Godet (Nos vies formidables) et foulé les planches dans une pièce de Lazare (Sombre rivière). Pièce dans laquelle il a retrouvé son comparse Olivier Leite, également à l’affiche d’une autre œuvre du même auteur-metteur en scène (Je m’appelle Ismaël). Et puis il y a eu des divines surprises comme cette poignée de concerts en 2018 pour célébrer l’anniversaire des 20 ans ainsi qu’une adoption. La famille s’agrandit. La Rue Ketanou n’est plus trio mais quatuor. Le nouvel enfant du désordre s’appelle Pierre Luquet, et lui aussi a fricoté avec le Théâtre du Fil, point de connexion faut-il le rappeler des trois funambules d’origine. Appelé sur une date d’été pour suppléer un Florent Vintrignier – diminué par une tendinite à la main – sur les morceaux à tempo rapide, il n’a finalement jamais plié bagages.

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Des bribes d’identité joyeusement mêlées, des lignes de fuite convergentes, de la rime souple, des brisures embrasées. 2020 est l’album des voyages légers, des instantanés pris sur le vif, sitôt rendus à la lumière. Reflet d’une belle osmose en studio avec Nicolas Quéré (Arctic Monkeys, Jean-Louis Aubert, Delgrès) qui, sans altérer la dynamique élémentaire, a apporté une touche cinématographique aux morceaux. Ces chansons-là emportent déjà le temps avec elles. Elles sont nées à Toulouse, au Bénin, en Norvège, à Giverny. Elles ont déjà vécu à Mayotte, à La Réunion et sur quelques routes de Navarre. Elle sont espiègles, ferventes, mélodiques, crépitantes, humanistes, vibrantes, festives. Elles parlent de séparation de corps libératrice (Vive la divorcée), de guerre et d’immigration (Soldat Ravale, texte tiré de la pièce Sombre rivière), d’amours éphémères (Elle s’appelle) ou fragiles (Les hirondelles), d’abnégation pour aiguillonner la vie (Accroche-toi), d’idylle intranquille avec le cannabis (Quand je fumais du cheval), de constat implacable (Peuple migrant). La Rue Ketanou fait culbuter son esprit joueur avec une lucidité d’adulte contemplant le désastre du monde. Ce sont d’incurables optimistes qui soignent les maux et réconcilient par l’ivresse de la danse. Une alliance alchimique entre joie fiévreuse et conscience citoyenne, franche déconnade et humeurs fragmentées. Le soleil perce toujours les brouillards, les couleurs affleurent. Le charango se télescope ici avec le banjo, la mandole embrasse l’accordéon, l’harmonica s’offre un exil dans la nature (Le jour et la nuit), la guitare de René Lacaille crée des incendies insolites (Chikungunya et son refrain créole jubilatoire), celle de Titi Robin largue les amarres aux confluences de multiples cultures (Ne m’en veux pas). Parce que ce septième album, c’est également la célébration des collisions audacieuses et fédératrices, des unions humaines et instrumentales. La Rue Ketanou ne s’est jamais souciée du dress-code, elle a d’autres chats à fouetter. Elle préfère les évasions bohèmes, les ambiances auberges espagnoles, les tablées accueillantes. En festin final et royal, Fredo Burguière (Les Ogres de Barback), Mouss et Hakim, Gari Greù (Massilia Sound System) et la fanfare béninoise Eyo’nlé s’invitent dans la partition de Gbaou Gbaou. Tous regardent dans la même direction. Celle qui conduit vers une chanson française décomplexée, généreuse, vivante, sincère et ouverte à tous les vents. 

© Biographie par Patrice Demailly – 2020

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